Grand moment dans une formation de pilote privé : je viens d’effectuer mon lâcher solo, c’est-à-dire que j’étais seul à bord de l’avion pour la première fois, sous supervision de mon instructrice qui est restée au sol. Toutes les conditions étaient réunies pour que je fasse mon premier solo ce jour-là : pas de vent, un ciel dégagé et peu de trafic.
Retour sur cette après-midi pas comme les autres.
Lors de mon arrivée au club, rien ne laissait pressentir de la suite. Visite prévol habituelle avec mon instructrice, mise en route du moteur et décollage. Je me sens à l’aise lors du premier tour de piste. Il y a vraiment peu, voire pas de turbulences. En finale, on a l’autorisation du contrôle pour un premier toucher. Réduction de puissance au franchissement du seuil, palier de décélération puis arrondi sur la 07R. Pas de commentaire de mon instructrice. On rentre les volets et on repart. Pleine puissance. Deuxième tour de piste. On déroule les procédures jusqu’en étape de base.
« Tu annonceras un complet », me dit mon instructrice.
Pardon ? Déjà ? Un complet signifie qu’au prochain atterrissage, on ne repart pas pour un nouveau tour de piste, mais on roule jusqu’au parking. En bref, c’est la fin du vol. Je pressens ce qui arrive.
Au moment de l’atterrissage, mes doutes disparaissent :
« Bon, roule jusqu’au parking. Je descends et tu repars tout seul ».
« Ok »
Une fois le moteur éteint et à l’arrêt, mon instructrice descend de l’AT-3 immatriculé F-GNMY en me laissant son casque dans l’avion. Elle me fait un briefing rapide sur le déroulement de mon lâcher :
« L’avion sera plus léger, ne sois pas étonné si tu ressens un gain de puissance en montée. Tu pars pour un seul tour de piste là. Mais surtout, si ton atterrissage est mal engagé, n’hésite pas, remets les gaz et refais un tour. On se voit tout à l’heure ? »
Oui, j’espère bien !
Je lui donne mon carnet de vol pour qu’elle puisse écrire « lâcher solo » sur toute la largeur de la page. Au moins, je m’en rappellerai. Je vérifie que j’ai bien mon certificat médical de classe II sur moi, qui est obligatoire pour l’étape du lâcher solo.
Je ferme la verrière. C’est parti. Je suis enfin seul dans l’avion après 15h de vol en double commande (Oui, c’est moins que les 20h du permis de conduire…). Déroulement des checklists. Allumage du moteur. Annonce à la radio :
« Toussus sol re-bonjour, Fox Mike Yankee, pour un tour de piste solo ».
Le stress est maximal au moment du premier message radio. Suffisamment intense pour que j’en vienne à douter des informations que j’ai données au contrôle…
Je roule vers le seuil de piste en répétant les mêmes procédures que d’habitude. Etonnamment, le stress disparait à l’entrée sur la piste. Je suis tellement concentré que je n’ai pas le temps de penser à quoique ce soit de négatif. Le tour de piste se passe sans encombre. Arrivé en finale, je reçois l’autorisation du contrôle pour atterrir. Pas de vent, pas de trafic sur la parallèle.
De la même manière qu’au décollage, je suis tellement focalisé sur mes paramètres de vol et la tenue du plan que je n’ai pas le temps de stresser. J’effectue l’arrondi sur la piste, réduction des gaz, toucher du train principal, roulage vers la bretelle de sortie. Je fête intérieurement mon premier atterrissage solo. Que d’émotions ! Je serais resté seul 19min à bord de l’AT-3 pour la première fois (moteur tournant).
A l’arrivée sur le parking, mon instructrice ainsi que la secrétaire du club m’attendent pour prendre quelques souvenirs. On me propose un apéro pour fêter ça. Au final, je reste 1h de plus au club.
Ma formation est encore loin d’être terminée. Nous allons maintenant commencer la partie navigation avec mes instructeurs. C’est-à-dire qu’on ne va plus rester dans le secteur de Toussus, mais que l’on va rejoindre d’autres aérodromes, en Ile de France mais pas seulement. Ceci dit, je continuerai à voler seul de temps en temps pour progresser sur la gestion du pilotage et du stress en solo. Car, au total, je dois voler seul au minimum 10h pour me présenter à l’épreuve pratique du PPL.
Message aux membres du club : merci pour votre sympathie et votre professionnalisme jusqu’à présent.