La fameuse triangulaire. Une grande navigation solo pendant laquelle nous devons faire 2 atterrissages intermédiaires sur deux aérodromes différents, puis revenir au point de départ.
Cette navigation solo est indispensable pour pouvoir se présenter à l’examen pratique de pilote privé, comme le précise le règlement européen :
(a) Applicants for a PPL(A) shall have completed at least […] 10 hours of supervised solo flight time, including […] 1 cross-country flight of at least 270 km (150 NM), during which full stop landings at 2 aerodromes different from the aerodrome of departure shall be made.
On remarque qu’au total, la navigation doit faire au moins 270 km. Mon instructeur me propose le trajet suivant : Toussus – Rouen – L’aigle – Toussus, qui fait exactement 168NM, soit 302km.
Je prépare mes trois logs de navigation à l’avance, une pour chaque branche.
6 octobre 2017. La météo est assez coopérative. Ciel dégagé sur Toussus et Rouen. Quelques nuages aux alentours de l’Aigle. Un vent relativement faible au départ. Bien qu’il aura tendance à se monter légèrement dans l’après midi. J’ai le feu vert de mon instructeur. Il est 11h. Je ressens un léger stress mais rien d’inquiétant. Je suis correctement préparé.
Avant le départ, il me conseille de prendre une bouteille d’eau avec moi pour le trajet. Mieux vaut ne pas mourir de soif dans le cockpit.
1/3. Toussus – Rouen
11h27. Heure de mise en route sur le tarmac de l’aéroclub. Réservoir d’essence plein à ras bord. Quelques minutes plus tard, je me dirige ver la piste 25L pour m’envoler vers Rouen.
Vers 12h15, j’approche de l’aéroport en communication avec le contrôleur tour de Rouen :
« F-MZ, rappelez en base 22, numéro 1 »
Mes cartes VAC sorties et ayant le visuel sur les installations, je me dirige vers l’étape de base de la piste 22 à 1500 pieds. Je remarque à la radio un autre trafic faisant des tours de piste. Il commence sa branche de vent arrière.
Je m’annonce en base quand le contrôleur me répond, d’une voix peu rassurante :
« F-MZ, vous confirmez être en base 22 ? J’ai pas le visuel sur vous »
« Je confirme, base 22, MZ »
Quelques secondes s’écoulent, puis il s’adresse au trafic en tour de piste pour lui demander si il a le visuel sur moi.
« Négatif, pas de visuel sur le trafic devant nous »
Le contrôleur ne comprend pas la situation et me demande alors :
« F-MZ, vous êtes en base rapprochée ou éloignée ? »
Je lui réponds base rapprochée, ou en tout cas ce qui me semblait être une base rapprochée.
J’entame mon dernier virage pour me placer en final de la piste 22, guettant attentivement le trafic qui devrait commencer son virage pour l’étape de base. Je n’ai pas non plus le visuel sur lui.
Je m’annonce en final sur la fréquence.
Quelques secondes plus tard, l’ATC me voit enfin aux jumelles. Il m’autorise pour un atterrissage complet. La tension redescend. Pendant que je roule au parking, le trafic derrière moi atterrit à son tour sur la 22 pour un toucher et repart immédiatement.
Je me gare. Frein de parking. Direction le restaurant de l’aéroport. J’ai bien mérité de manger un peu. J’appelle mon instructeur resté à Tousus. Je lui fais part de mon approche à Rouen un peu angoissante. On débriefera à mon retour. Déjeuner. Digestion et sieste de 10min. C’est reparti.
2/3. Rouen – L’aigle
A 14h13, je démarre le moteur de mon AT-3 pour l’aigle. Le vent a tourné. Décollage vers le nord pour effectuer un demi tour et repartir au sud.
Aucune difficulté particulière sur cette branche, si ce n’est que je n’ai pas réussi à repérer un petit aérodrome privé (Saint Cyr La Campagne) que je devais survoler peu après mon décollage de Rouen.
Arrivée assez rapide à l’Aigle. Le terrain est en auto-information, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de service de contrôle. Nous devons nous annoncer par nous-même sur la fréquence et reporter nos actions et nos intentions au fur et à mesure, pour que les autres avions ne soient pas surpris de notre arrivée.
L’intégration commence par un survol de l’aérodrome à la verticale, à une altitude supérieure à celle du tour de piste. On rejoint ensuite le début de la branche vent arrière pour se mettre en régime d’approche. Réchauffe carburateur et pompe carburant avant la réduction de puissance. Volet 15°. 70 nœuds.
J’ai l’impression que le vent tourne rapidement. J’arrive en base puis en finale. Je suis poussé vers la gauche. Le vent frappe en plein travers. Ce qui sera confirmé par la direction de la manche à air que j’aperçois en bout de piste. Arrivée en crabe. Je me prépare à une remise de gaz mais l’avion se pose finalement sur la piste, un peu dans un mouvement de balancier. Pas exceptionnel comme atterrissage. Je me remets dans l’axe de la piste et me dirige vers l’aire de parking.
Pas de temps à perdre. Changement de log de navigation. On note l’heure d’arrivée. Check-list avant le départ. Et on y va.
3/3. L’aigle – Toussus
Direction la maison.
J’arriverais à Toussus à 16h03. Pas grand chose à dire sur la dernière branche. A part que je sortirais de l’avion épuisé.
Grand soulagement. La nav triangulaire, c’est fait.
Prochaine étape : l’examen théorique à Orly.
Ci-dessous un extrait de mon carnet de vol numérique pour cette triangulaire. Les heures sont notés en UTC, il faut donc ajouter 2h pour avoir l’heure réelle.
LFOL : Aérodrome de l’Aigle / LFOP : Aérodrome de Rouen / LFPN : Aérodrome de Toussus