Avant de monter dans votre voiture, il ne vous viendrait pas à l’idée de vérifier systématiquement le niveau du liquide de frein, de vérifier si les clignotants marchent ou si votre pot d’échappement est bien maintenu. Généralement, on se limitera à régler les rétroviseurs, et à la rigueur vérifier si les pneus n’ont pas été crevés pendant la nuit.
Pour un avion, c’est différent. Un problème à priori anodin peut entrainer des conséquences critiques pour notre sécurité.
Pour limiter au maximum les potentielles pannes ou défaillances pendant un vol, les normes aéronautiques imposent toute une batterie de test et de vérifications au sol avant chaque départ. C’est ce qu’on nomme vulgairement les visites prévol intérieure et extérieure.
- La visite prévol intérieure, c’est-à-dire au sein du cockpit, permet surtout de s’assurer si les instruments de bord fonctionnent correctement et qu’il n’y a visuellement pas de problème majeur.
- La visite prévol extérieure, quant à elle, est beaucoup plus longue et dure une dizaine de minutes en moyenne. La procédure est de faire le tour de l’avion en vérifiant chaque système. Le jeu des volets, le débattement des ailerons, l’état du train principal, de la verrière et du capot moteur, le niveau des liquides, la présence des goupilles au niveau de la dérive, l’état des hélices, etc…
Au fur et à mesure des heures de vol, cette inspection de sécurité devient une routine. On finit même, intuitivement, par l’apprendre par cœur, si bien qu’elle devient banale au risque d’être de moins en moins vigilant.
Pourtant, j’aimerais rappeler l’importance de la faire le plus soigneusement possible, avec le maximum de vigilance.
Lors de mon dernier vol avec mon instructrice, pendant cette visite de sécurité, nous avons dû brasser l’hélice pour faire remonter le niveau d’huile, ce qui est une procédure commune quand le moteur n’a pas tourné depuis plusieurs heures. En brassant l’hélice, je lui ai fait remarquer qu’il y avait une résistance inhabituelle au niveau du cône principal. En regardant attentivement au niveau de la fixation d’une des hélices, je lui demande :
« Ca, c’est normal ? »
Elle jette un oeil quelques secondes puis me répond :
« Non, c’est pas normal. »
Je la vois s’éloigner en direction de l’atelier de maintenance.
Une vis était absente au niveau de la fixation du cône moteur, ce qui a eu pour effet de décaler une partie de la tôle du cône, qui est venue se frotter contre la carlingue.
On patiente quelques minutes, puis le mécanicien vient nous remettre une vis après avoir trouvé un double dans ses ateliers.
A priori, elle se serait retirée durant le vol précédent, mais nous ignorons quand précisément. Nous pensons qu’elle était déjà légèrement dévissée, et que les vibrations du moteur ont amplifé le jeu entre les deux parties, ce qui a conduit à la faire sauter.
Voilà pourquoi l’inspection de sécurité doit toujours se faire dans la plus grande responsabilité et la plus grande rigueur. Le risque dans notre cas était une perte de poussée potentielle dû au frottement, voire un arrachage de l’hélice dans le pire des cas….
Volez safe.