Dans cet article, je vous partage mon expérience de la sélection PNC (Personnel Navigant Commercial) au sein de la compagnie Easy Jet. PNC, ou Steward, c’est être membre d’équipage et assurer le rôle commercial.
Ma passion a toujours été le transport aérien. Si vous avez lu en partie ce blog, vous vous doutez que mon objectif est de devenir pilote (autrement dit, PNT, pour Personnel Navigant Technique). Cependant, les filières gratuites pour devenir pilote sont rares. Il vaut donc mieux assurer ses arrières dans le cas où ces sélections mèneraient à l’échec.
Pour ma part, le meilleur plan B que j’ai trouvé serait donc d’exercer le métier de PNC, à priori très éloigné du métier de pilote. Mais au premier abord seulement, car il existe beaucoup de similitudes entre ces deux professions. Dans la perspective du plan B, l’idée serait de mettre de l’argent de côté afin de me financer, à terme, une formation de pilote professionnel en passant par la voie privée (et de facto payante).
Le métier de PNC est intéressant dans la mesure où les conditions et l’environnement de travail sont les mêmes qu’un pilote :
- Horaires décalées et même rythme de vie
- Environnement aéroportuaire et exploitation d’un avion (sous une forme différente)
- Privilèges d’être membre d’équipage
C’est ce qui m’a amené à me renseigner sur les sélections pour devenir PNC, anticipant un éventuel échec aux sélections gratuites de pilote.
Il faut savoir qu’un PNC doit être titulaire du CCA (Cabin Crew Attestation) pour exercer son métier. Le CCA est obtenu après avoir suivi une formation théorique et pratique de membre d’équipage de conduite.
Cette formation, à l’instar d’une formation de pilote, peut être financée par ses propres moyens en école spécialisée, ou pris en charge directement par la compagnie. Dans le premier cas, les frais s’élèvent à environ 2000€. Note : la formation peut être plus ou moins chère selon l’école et les packages proposés.
Dans le cas des sélections Easy Jet, il n’est pas indispensable d’avoir le CCA pour se présenter. On en conclut donc que la compagnie prendra en charge la formation du futur PNC avant de l’embaucher, ce qui est plutôt intéressant.
Inscription et présélection
Octobre 2018. Tout commence sur le site d’Easy Jet Career. Une offre de PNC en CDI est proposée, avec une base à Orly ou Roissy. Rien de compliquer pour postuler. Il faut fournir certains documents et répondre à quelques questions en ligne. Je le répète : le CCA n’est pas obligatoire.
Quelques jours plus tard, on m’informe de la recevabilité de mon dossier et on m’invite à passer des tests de présélection en ligne. Il s’agit en fait de trois tests :
- Le premier est un inventaire de personnalité.
- Le deuxième est un QCM conçu pour vous mettre dans la peau d’un PNC et connaitre votre réaction à une dizaine de situations susceptibles de se produire dans une cabine. Ce test est à faire intégralement en anglais.
- Enfin, le dernier exercice est interactif. Il s’agit d’évaluer votre capacité à aller chercher rapidement et correctement des informations pour répondre à des questions. En clair, vous avez une situation où l’on vous présente une entreprise commerciale. Différents onglets apportent chacun des informations sur cette société : « ressources humaines », « activité commerciale », « finances », « produits », « stratégie marketing », « ventes »,… Plusieurs questions sur cette entreprise vous sont alors posées. Pour y répondre, vous devez aller « chercher » dans le bon onglet pour trouver la réponse. Exemple : on vous demande combien de salariés travaillent dans la branche « Europe » de l’entreprise. On imagine alors que la réponse sera fournie dans l’onglet intitulé « ressources humaines ». Il y a beaucoup de questions à traiter en très peu de temps. Je crois en avoir répondu à moins de la moitié.
Quelques jours après, on m’annonce que mon dossier est préselectionné et on m’invite à me présenter à une journée de sélection à l’hotel Mercure de Roissy CDG le 15 novembre 2018 !
Sélection (Assessment Day)
Le jour J approche. Il sera structuré en plusieurs étapes : des exercices de groupes éliminatoires le matin. Un entretien individuel l’après midi.
8h30. Nous sommes quasiment une centaine de candidats à nous présenter au hall principal. On prend d’abord nos mensurations tour à tour puis on vérifie nos documents de candidature (CV, Passeport). On nous installe ensuite autour de tables de cinq dans une immense salle. Une rapide présentation de la compagnie et de la journée est effectuée, puis nous enchainons directement, avec nos collègues de table, sur un exercice collaboratif assez ludique.
Il est présenté sous la forme d’une énigme où nous devons retrouver des associations entre des passagers, leur destination, leur bagage, leur âge, etc. Un recruteur est assis à notre table et nous observe. Cela dure environ 10 min. A la fin de l’exercice, le recruteur déplace deux personnes de notre table (j’en fais alors partie) vers une autre table. Globalement, je suis satisfait de ce premier test. On s’entendait tous assez bien entre les candidats et la résolution de l’énigme était fluide.
Par la suite, deux autres exercices nous attendent alors à la nouvelle table. Le premier consiste à satisfaire des passagers qui rencontrent un problème soit avant le vol, soit pendant le vol. Il faut alors émettre des suggestions pour résoudre leur tracas.
Enfin, le dernier exercice nous amène à construire un magazine dit in-flight, magazine qui est proposé pendant le vol aux passagers. Il s’agit de structurer habilement ce livret avec des pages concernant l’entreprise, la nourriture distribuée à bord, les destinations de la compagnie, sa flotte, les produits à vendre, etc. Un système de points nous limite dans le nombre d’information à ajouter. Nous ne pouvons pas dépasser 16 points et certains sujets, comme les produits à vendre, coûtent déjà 6 points. Il faut alors trouver un compromis entre ce qui intéresse le plus les passagers, et l’aspect marketing et commercial. Cet exercice est vraiment difficile car les avis divergent fortement sur les informations à ajouter dans le magazine. Un certain malaise est parfois tangible, mais le recruteur reste impassible. Pause déjeuner.
Nous revenons dans la salle une heure et demie plus tard. C’est le moment des résultats intermédiaires (étape éliminatoire). Une personne apelle une liste de noms, sans savoir de quelle liste il s’agit. Elle demande alors à ces personnes d’aller dans une autre salle de travail à côté. Je ne suis pas appelé. Nous sommes environ 50% à rester dans la salle principale.
Quelle angoisse. Nous restons ou nous partons ? La personne continue :
« Je suis désolé, mais il faut bien que des candidats s’en aillent. Votre chance, c’est que vous n’en faites pas partie. »
Ils aiment jouer avec nos émotions chez Easy Jet !
Nous sommes soulagés, et désolé pour ceux qui nous ont quitté…
C’est l’heures des entretiens individuels.
J’ai la chance de pouvoir être convoqué assez tôt. Je passe à 13h30. Certains attendront 16h.
L’entretien se déroule avec une recruteur. Un dialogue s’installe rapidement, et elle fait tout pour me mettre à l’aise, ce qui est très appréciable. Je ne ressens presque aucune anxiété. Bref, un entretien classique avec quelques questions sur mon CV et mes motivations. L’échange dure une petite vingtaine de minutes. Si vous avez bosser les fondamentaux (qui je suis, pourquoi je suis là, qu’est ce qu’un PNC, quels sont les inconvénients du métier), vous ne ressentirez aucune difficulté. On a même fini par parler de Nantes, ville qu’elle souhaitait visiter pour ses prochaines vacances ! Ayant étudier trois ans là-bas, je me suis permis de lui conseiller deux-trois endroits sympas à visiter 😉
L’entretien est terminé, et les résultats tombent quelques jours après. C’est positif ! Et toutes les personnes avec qui j’ai bien discuté pendant cette journée de sélection sont prises également ! Quelle bonne nouvelle !
Holding pool
Désormais, nous sommes placés dans une « file d’attente », prêt à partir en formation dès que les besoins de la compagnie seront au rendez-vous. Pendant ce temps, il nous ai demandé de faire un bilan de nos yeux chez un opticien, et de remplir un formulaire sur nos précédentes expériences professionnelles, jusqu’à cinq ans en arrière.
Malheureusement, le mail de départ en formation se fait attendre. Très longuement. Jusqu’à ce que nous recevons ce mail :
Il n’y a plus de formations pour l’année 2019. J’imagine que les besoins en PNC sont moindres ou que leurs quotas sont déjà atteints. Quelle déception. Les départs en formation sont donc repoussés en 2020, dans le meilleur des cas.
Je ne volerai donc pas pour Easy Jet cette année.