Après les entretiens en novembre 2018 à l’aéroport de Roissy (dont vous pouvez retrouver le témoignage ici), Easy Jet m’avait placé dans une « holding pool », en attendant que de nouveaux postes se libèrent sur les bases parisiennes. Malheureusement, j’apprends quelques mois plus tard que l’ensemble des offres pour l’année 2019 ont déjà été pourvues à Orly et à Roissy.
Néanmoins, en septembre 2019, la compagnie m’indique par email une opportunité à saisir à Genève, chez Easy Jet Switzerland. Je me renseigne sur la vie de frontalier et le droit suisse. Je suis curieux d’en savoir plus. Cette expérience à Genève pourrait se révéler très enrichissante.
Par téléphone, je confirme mon intérêt. On me demande de retourner quelques documents : un CV actualisé, une lettre de motivation pour la base de Genève, un passeport et des informations concernant la possession d’un éventuel CCA (Cabin Crew Attestation).
Le dossier est bouclé. On m’oriente alors vers une société qui vérifie nos antécédents et précédentes expériences, dans le but d’obtenir un « air pass », un badge aéroport. Dans le même temps, je suis invité à lire et signer de nombreux documents sur l’organisation de la vie d’un navigant au sein de la compagnie suisse. Le contrat m’est présenté également. Dans un autre mail, on me donne rendez vous le 27 novembre 2019 à Genève pour la visite médicale, l’essai de l’uniforme et la signature de documents supplémentaires.
Le début de la formation est prévu pour le lundi 6 janvier 2020, sur une durée d’environ 4 semaines. On m’explique qu’à partir du 6 janvier, le contrat est un CDI avec une période d’essai de 3 mois.
Le 27 novembre, je m’envole donc pour Genève et commence ma journée avec une visite médicale. Après 1h d’entretien avec le médecin, on me délivre le certificat médical Cabin Crew.
L’après-midi, un rendez-vous avec la compagnie est fixé à 14h. Je rencontre alors les premières personnes de ma promo. On nous demande de remplir quelques documents puis nous nous dirigeons vers la crew area (Zone équipage) pour essayer l’uniforme. Une fois nos tailles de vêtements choisis, nous pouvons quitter le bâtiment. Direction le terminal pour rentrer à Paris.
En décembre, nous recevons notre planning pour le mois de janvier. Un examen sous forme de QCM nous attend dès le deuxième jour de formation. Au travail !
Je déménage début janvier à Prévessin, une commune située à une dizaine de minutes de l’aéroport, côté France.
Nous sommes vingt personnes à débuter la formation le 6 janvier. Celle-ci se déroule en majeure partie en anglais. On nous prévient de l’intensité des cours. Je ne serais pas déçu. J’ai l’impression de retourner en classes préparatoires pour quelques semaines. La formation comprend les SOP (procédures opérationnelles sur Airbus A320), SEP (procédures concernant les équipements de sécurité à bord), les situations anormales, les procédures d’urgence et d’évacuation, une formation aux premiers secours et d’autres sujets tels que le service client, la sureté en aviation ou encore la communication et le leadership.
Le premier vendredi, nous avons la chance de visiter un avion de la compagnie, ce qui permet de mettre des images sur l’ensemble des procédures et des équipements que nous avons découverts en théorie.
Au cours de la deuxième semaine, nous partons deux jours à Zurich afin de s’entrainer aux procédures incendies et de simuler des situations d’urgences au sein de la Lufthansa Aviation Training.
Après 4 semaines de travail, nous pouvons enfin souffler et profiter d’une courte cérémonie, pendant laquelle nous recevons notre CCA, notre diplôme Easy Jet et nos ailes !
La formation n’est pas terminée pour autant, puisque chacun d’entre nous doit désormais réussir deux journées de vol de familiarisation. Elles se déroulent avec un instructeur à bord de l’avion (que l’on appelle un Line Trainer).
En ce qui me concerne, je serai évalué la première journée sur un aller retour à Tirana depuis Genève, suivi d’un aller retour à Nantes. L’heure du check-in est prévue à 12h10 et le retour à la base vers 22h30.
J’arrive à la zone équipage un peu avant l’heure prévue, et je fais la connaissance de mon instructeur qui parait très bienveillant. Il évacue mon stress en m’expliquant l’organisation de la journée, en m’aidant sur le dossier administratif et en me rassurant sur les points que l’on va aborder.
Je rencontre le reste de mon équipage, nous faisons le briefing et nous voilà partis en direction de l’avion. Je suis comme un enfant.
J’adopterai la position n°3 dans l’avion. Cela signifie que je serai placé dans le galley arrière, du côté gauche de l’appareil. Lors de l’embarquement, mon rôle est d’aider les passagers en cabine avec les bagages, et de fluidifier les mouvements pour que l’on puisse fermer les portes le plus tôt possible.
L’instructeur me laisse beaucoup d’autonomie, mais n’hésite pas à me donner des conseils pour que je puisse m’améliorer. L’embarquement terminé, nous effectuons les procédures que l’on a appris pendant la formation. Fermeture des portes, puis armement de celles-ci après avoir entendu la consigne :
« Cabin Crew, arm doors for departure ».
Nous voilà en train de repousser du parking. C’est le moment mythique des démonstrations de sécurité. Je m’avance dans le couloir vers l’avant de la cabine et m’arrête en rangée n°10, mon kit de démonstration à la main. Et c’est parti. Les gens nous regardent. Pour cette première fois, je vise un point à l’arrière de la cabine pour éviter tout contact visuel avec les passagers, de peur d’être déconcentré.
La « démo » terminée, il faut désormais sécuriser la cabine pour le décollage suivant une check list de 15 points à connaitre par cœur. Parmi ces 15 points, il faut par exemple s’assurer que les passagers aient ouvert complètement leur cache hublot, afin qu’ils s’habituent à la luminosité extérieure en cas d’évacuation, ceci pour ne pas être ébloui en sortant de l’avion. Autre exemple : éteindre les équipements électriques du galley (four, cafetière, lumière de travail) afin de ne pas déclencher ou d’alimenter un feu électrique en cas de situation d’urgence.
Au moment de s’aligner, nous devons répéter mentalement 10 questions afin de nous préparer à une éventuelle évacuation pendant le décollage. Par exemple, il s’agit de se rappeler où se trouve notre gilet de sauvetage, le mégaphone le plus proche, de se rappeler la procédure à suivre pour ouvrir une porte armée en cas d’évacuation, ou encore les ordres à donner aux passagers. L’instructeur me note sur ma capacité à restituer ces 10 questions correctement et rapidement.
Nous décollons à destination de Tirana. De ma position n°3, je fais une annonce aux passagers en rappelant qu’ils doivent garder leur ceinture attachée jusqu’à l’extinction de la consigne lumineuse. Quelques minutes après, le signal s’éteint. Nous pouvons commencer le service de bord, que j’effectue avec mon instructeur. Il me coache sur la façon de servir les passagers suivant les standards de la compagnie. Je me sens un peu déboussolé, car je ne sais pas du tout où sont rangés les produits dans le trolley ! Ce premier service sera probablement un des plus laborieux, mais j’en garde néanmoins un bon souvenir !
Le vol se poursuit, la descente s’ammorce, le « cabin secure » est demandé par les pilotes. La consigne lumineuse s’allume. On se répartit les tâches. Deux membres d’équipage en cabine, les autres au niveau des galley. L’instructeur continue de m’observer. Il me reprend sur certaines rangées qui ont été « mal vérifiées ». « 24 charlie », me dit-il. Je repasse près du passager. Ah, oui. Un acoudoir qui n’a pas été abaissé.
Nous nous asseyons à nos sièges et bouclons nos ceinture et harnais. En numéro 3, je remonte l’information au numéro 2 assis à côté de moi en annonçant « cabin and galley secure ». Le chef de cabine nous appelle via l’interphone. A son tour, le numéro 2 passe l’information au chef de cabine en confirmant « cabin and galley secure » . Le train d’atterrissage sort, les signaux lumineux « exit » s’allument alors en cabine au dessus des issues de secours, suivi d’un « dong » très audible. Nous atterrissons.
Au moment d’entendre :
« Cabin crew, disarm doors for arrival »
Nous nous détachons et procédons au désarmement des portes. Au parking, le débarquement est lancé par les deux portes avant et arrière. Nous disposons de 30 min pour débarquer l’ensemble des 186 passagers, nettoyer la cabine et terminer le prochain embarquement. Je profite de quelques secondes pour prendre des photos afin d’immortaliser ce premier vol.
Pour le retour, j’ai la chance d’admirer l’atterrissage à Genève dans le poste de pilotage.
Une belle rotation qui m’a marqué !
Concernant le vol aller retour vers Nantes, je le détaillerai dans un prochain article, car il fait l’objet d’une anecdote à lui tout seul !
La deuxième journée de mon Line Training se passe avec un autre instructeur (ce qui n’est normalement pas le cas, mais le vol vers Nantes de l’avant veille avait déréglé mon planning). En ce qui me concerne, cela ne me dérange pas, puisque c’est l’occasion de bénéficier d’un regard différent tout au long de la journée.
Les quatre vols se déroulent correctement. Les conseils de mon instructeur sont très pertinents, et la fin de la journée se conclue positivement, avec son approbation de me « lâcher » en tant que PNC !
Ca y est, la formation initiale est terminée. Soulagement !
– Olivier
Bonjour,
Je suis tombée sur votre blog il y a déjà quelques temps et nous avons approximativement le même parcours PNC easyJet, du moins je suis dans la partie pré embauche.
Cet article et d’ailleurs extrêmement bien expliqué et détaillé.
J’aurais voulu savoir comment se passe la visite médicale, ayant eu quelques soucis par le passé, j’ai peur d’échouer à cette ultime étape.
En vous remerciant
Bonjour Laura,
Merci beaucoup pour ton retour, ça me fait très plaisir
J’ai relu ce que j’avais écrit pour essayer de me remémorer les détails du rdv médical, hélas ça fait très longtemps… Je me souviens que la visite n’avait pas été très longue. Je crois qu’on m’avait fait faire une prise de sang, un test de drogue, un rdv avec le médecin + quelques questions psycho. Je ne me souviens plus du reste…
Bon courage pour la suite 🙂
Olivier