(2/5) Pilote Cadet Air France – Phase VFR

Mars 2023.

l’ATPL théorique en poche, nous quittons Toulouse pour rejoindre notre centre de formation en vol à l’aéroport de Saint Yan (surnommé l’aéroport du Charolais), en Bourgogne, au sud de Nevers. A priori, nous y resterons jusqu’au mois de décembre.

Nous suivrons donc l’ensemble de la formation pratique (phase de vol à vue puis phase de vol aux instruments) au sein de ce centre ENAC.

Le cadre est idéal pour travailler. Au niveau de l’hébergement, nous avons de la chance : les chambres (qui dataient de plusieurs décennies) viennent d’être rénovées juste avant notre arrivée.

Hébergement ENAC St Yan

Après une semaine de briefing et cours au sol dans l’amphithéâtre du centre, nous débutons notre formation de vol à vue, aussi appelée vol VFR (Visual Flight Rules) sur un avion de construction française : le SOCATA TB-10 « Tobago ».

C’est un avion de tourisme 4 places à train fixe, propulsé par un moteur à piston Lycoming de 180cv, équipé d’une hélice à vitesse constante. Côté avionique, les instruments sont conventionnels. Je le trouve idéal pour débuter une formation initiale : un bon compromis en terme de complexité.

Rendez-vous le lundi 20 mars au matin pour notre première journée de vol.

Le programme est découpé ainsi :

  • 34 vols de maniabilité dont 10 en solo et 4 en voltige
  • 18 vols de navigation dont 4 en solo.

Avec mes deux trinômes, nous rencontrons notre instructeur aux « Ops », le bâtiment des opérations en face du parking avion. Les présentations faites, c’est parti pour le premier vol de « maniabilité« , c’est-à-dire d’apprentissage au pilotage de base et de familiarisation avec l’avion.

On enfile notre gilet jaune et on se dirige vers un des nombreux TB-10 sur le tarmac.

Cette sensation de m’installer aux commandes m’avait manqué ! Cela faisait depuis février 2020 que je n’avais pas volé…

Quel plaisir d’y être enfin.

TB-10

Les premiers vols se déroulent bien, mais nous remarquons d’emblée l’exigence ENAC : l’accent est porté sur la tenue précise des assiettes et des pré-affichages des paramètres moteurs, selon les différentes phases de vol et de configuration de l’avion.

Nous apprécions beaucoup notre instructeur : il est à l’écoute et se montre très pédagogue.

A raison d’un ou deux vols par jour pour chacun de nous trois, nous sommes lâchés en solo en environ deux semaines. Un réel soulagement qui me donne confiance en la suite du vol à vue.

Le 20 avril, nous passons un test de contrôle de compétences (un « Progress Check ») avec le chef pilote du centre. Il s’agit d’un vol d’une heure pendant lequel nous effectuons quelques exercices de maniabilité afin de valider le socle du pilotage de base. Au programme : des virages à 45°, des montées et descentes avec tenue de vitesse, des approches du décrochages dans différentes configurations, une PTE (Prise de Terrain par Encadrement), puis un exercice de panne de volet et de panne moteur en montée initiale.

La séance se passe bien pour chacun d’entre nous !


C’est désormais le moment d’attaquer les vols de navigation en campagne. Après quelques jours de rappels théoriques, nous entamons notre premier vol aller-retour vers Grenoble depuis Saint Yan.

Une joie immense mêlée de challenge, puisque les conditions météos du jour nous obligent à descendre vers Grenoble en cheminant le long de la Loire jusqu’à St Étienne, puis à remonter la vallée de Givors afin de s’extraire vers l’aéroport Alpes Isères.

A l’arrivée, nous passons faire un coucou aux collègues du centre ENAC sur place.

Le programme des navigations se déroule en parallèle de quatre séances sur un avion de voltige, le CAP-10. L’objectif est de nous familiariser avec les limites de l’enveloppe de vol des avions légers et de nous apprendre à sortir de positions inusuelles, comme par exemple la vrille ou le 3/4 dos (possible en passant dans une forte turbulence de sillage par exemple). Nous en profitons aussi pour réaliser quelques figures de voltige à l’instar du planeur, comme la boucle, le tonneau ou le déclencher. Personnellement, j’ai moins bien supporté la voltige CAP-10 que la voltige planeur…!

CAP-10

Nous reprenons les vols de navigations jusqu’à la fin du mois de mai, pour terminer les 59h du programme VFR.

Parmi ces vols, et pour conclure cet article, quatre m’ont principalement marqué, et je ne les oublierai jamais :

  • Les Alpes (3 mai 2023)

Nous partons pour la journée, à destination de Gap puis Chambéry, le ciel est absolument dégagé. Je pense que les images se suffisent à elles-mêmes :

Anecdote : nous avons mangé au restaurant à Gap le midi avec notre instructeur et les grands-parents de mon collègue Olivier qui habitent la région.

De belles images plein la tête…

.

  • Les Châteaux (4 mai 2023)

Avec mon autre collègue Audorisca et notre instructeur, nous partons la journée pour une visite aérienne des châteaux de la Loire, avec une escale le midi à Blois. Une vue bluffante sur ces édifices que je n’avais jamais eu l’occasion de visiter (ni par la terre, ni par le ciel)

  • Retour à la maison (12 mai 2023)

Vendredi matin. Dernier vol de la semaine.

Nous sommes en congés le soir-même pour sept jours. Habitant en région parisienne, j’avais proposé à mon instructeur un vol vers l’aéroport de Toussus le Noble, dans les Yvelines, dans l’idée de me faire déposer directement près de chez mes proches… avec ma valise de prête! Mon collègue Olivier se chargerait du retour vers Saint Yan avec notre instructeur. Ce dernier n’y voit aucun problème, seule la météo est à vérifier le matin même car des bancs de nuages bas sont prévus sur notre route. Si ces derniers nous bloquent, nous envisagerons de faire demi-tour.

Nous décidons de partir. Je préviens ma mère qui pourra nous accueillir à l’aérodrome en fin de matinée, car elle habite à une vingtaine de minutes de Toussus le Noble. Malgré une météo effectivement capricieuse, nous arrivons à destination.

Quel bonheur ! Ma mère nous rejoint sur le parking, j’en profite pour lui faire faire le tour de l’avion, lui montrer l’intérieur du cockpit, et immortaliser ce moment avec une gratitude infinie.

Le début des vacances ne pouvait pas mieux commencer.

  • Une rencontre inattendue (23 mai 2023)

Dernier vol de navigation avec notre instructeur. Un vol à l’origine prévue pour Troyes. Une météo matinale qui nous autorise tout juste à partir en VFR, mais qui, pendant le vol, se dégrade plus que prévu lors de notre analyse en salle de briefing. La couche nuageuse est telle que nous devons nous dérouter en plein vol : impossible de continuer jusqu’à Troyes. Nous repérons alors un petit aérodrome que nous avions survolé 5 min auparavant, à Clamecy. C’est un terrain avec deux petits hangars et une piste en herbe, tout juste assez longue pour pouvoir nous y poser et redécoller.

Nous faisons la reconnaissance du terrain. Pas de trafic sur la fréquence. Nous entrons dans le circuit de piste pour y atterrir et nous garons le TB-10 dans la pelouse à côté des hangars. Deux membres de l’association aéronautique locale, surpris de voir un avion de l’ENAC atterrir à cet endroit, viennent à notre rencontre et nous leur expliquons notre situation. La météo se dégrade encore, impossible de repartir. Nous sommes bloqués pendant un bon moment.

Ils nous accueillent au sein de leur club, nous montrent les ULMs qu’ils construisent et dont ils réalisent la maintenance : ce sont des vrais passionnés d’aéronautique et de mécanique !

C’est alors qu’une des deux personnes nous propose d’aller déjeuner chez lui. Un peu gênés, nous finissons par accepter. Nous montons en voiture avec eux et nous dirigeons vers le domicile en question, où nous sommes chaleureusement accueillis… et nourris. S’en suivent deux bonnes heures de conversation comme si nous les connaissions depuis toujours. Nous écoutons, émerveillés, les anecdotes relatives à leurs aventures en ULM, frôlant parfois la tragédie, mais toujours riche d’expérience. Des vrais pilotes d’essais.

Nous repartirons en milieu d’après midi vers Saint Yan, avec un plafond nuageux qui s’était timidement levé.

Une belle rencontre pour finir en beauté cette phase de vol à vue.


Je vous laisse avec deux magnifiques couchers de soleil pris depuis l’aéroport de St Yan :

Prochaine étape, la phase de vol aux instruments (appelée IFR), qui s’étalera de juin à fin août !

(2/5) Pilote Cadet Air France – Phase VFR

6 Comments

  1. Octave

    Bonjour Olivier, merci beaucoup déjà pour ce blog, je suis candidat en 2023 pour les cadets, j’avais juste quelques questions sur la formation. Je voulais savoir si le déroulé de la votre était identique chaque année en termes de lieux notamment car j’ai vu qu’elle se déroulerait dans des écoles partenaires d’Air france mais je ne trouve aucune info sur celle-ci ?
    Merci d’avance

    1. Bonjour Octave,
      Merci pour ton commentaire 🙂
      L’ensemble de la formation se déroule pour le moment au sein des centres ENAC (à Toulouse pour l’ATPL théorique et à Montpellier, Carcassonne, Grenoble et/ou St Yan pour la formation pratique)
      Des discussions sont en cours avec d’autres écoles pour une ouverture à la concurrence mais rien de sûr pour l’instant.
      Bon courage pour la sélection 2023 !
      Olivier

  2. Sayoune

    Merci Olivier de continuer d’alimenter ce blog que j’ai récemment découvert. Candidat KD2024, c’est un régal de suivre vos aventures. Bonne continuation et courage pour la suite

  3. PASQUIER Jean-Yves

    Un grand merci à vous de de donner ce compte rendu de la formation des cadets d’Air France ! Anne D. m’a déjà donné beaucoup d’informations relatives à votre formation…
    Et là, vous mettez en image tout ce que Anne nous a raconté ; c’est super !
    Bien cordialement

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.